Deux constats se sont imposés à nous lors de nos recherches :
Noailles, c’est 2000 habitants, 350 enfants, 0 école publique. Noailles, ce sont aussi 8000 m2 de rez-de-chaussée vacants. C’est ainsi qu’a germé l’idée d’implanter une école primaire au cœur de Noailles en rassemblant les rez-de-chaussées non utilisés ! Nous devions alors observer, penser l’école non plus à travers notre regard d’enfant, mais à travers notre regard de futur architecte.
Différentes questions se posent lorsque l’on souhaite implanter une école en
RDC. Son rapport à la rue, aux habitations, aux habitants, sa temporalité, son
fonctionnement, son bruit, ses retombées, etc. Le sujet n’était plus de faire une école au sens classique du terme, mais faire une architecture qui répondait aux besoins d’apprentissage au sens large. Apprendre à tout âge, apprendre à tout faire, apprendre les bases, apprendre à lire, à compter, à dessiner, à coudre, à fabriquer, apprendre la tolérance, le monde, la vie, le vivre-ensemble… Le vivre ensemble, voilà ce qu’incarne Noailles pour nous. Si on n’habite pas Noailles, si l’on ne connaît personne à Noailles on y va tout de même pour ses spécialités. La nourriture dans la rue Longue des Capucins, les odeurs, les couleurs, le chaos heureux des étals du marché. Un lieu incontournable où se côtoient cigarettes vendues à la sauvette et épices au kilo. On y va pour trouver un semblant d’Afrique du Nord, la fouta de la plage trois fois moins cher qu’à Monoprix, prendre un café au milieu des hommes place des Halles Delacroix, acheter un cadeau bobo à son copain hypster chez l’empereur… Les sens en éveil, la mixité, la vie, le bruit, c’est peu être ça Noailles ! C’est excitant !
Mais alors comment faire plus, plus de Noailles, plus de relations, plus de bruit,
plus d’humains, plus d’éveil des sens, plus de tout ! Un lieu ou la magie des
peuples est exacerbée, connectée, liée, entremêlée… ?
Comment un lieu d’apprentissage est le point de départ de la mixité et du vivre
ensemble ? Comment ouvrir les grilles de l’apprentissage à tous les Hommes ?
Comment l’école devient espace public ? Comment un espace public laisse
place à une appropriation par chacun ? Comment Noailles transformerait ses
faiblesses architecturales en véritable potentiel ?
« Ne vous demandez pas ce que la ville peu faire pour votre immeuble, mais
demandez vous ce que votre immeuble peu faire pour la ville. » T. PAQUOT